SAINTE-ÉLISABETH
D’HIER À DEMAIN
C’est à la toute fin du Régime français que les premières
terres de Sainte- Élisabeth seront concédées et défrichées, plus
particulièrement en 1756 celles du village, du Haut de la Rivière et des rangs Rivière sud et
nord, connus alors sous le nom de Côte Saint- Antoine. L’actuel territoire de
Sainte- Élisabeth appartenait aux seigneuries de Berthier et de Lanoraie-
D’Autray.
La population atteignit bientôt un niveau justifiant la
fondation d’une nouvelle paroisse distincte de Sainte- Geneviève de Berthier.
C’est le 21 décembre 1798 que Mgr Pierre Denaut, évêque de Québec, créait par
décret la paroisse de Sainte- Élisabeth de Hongrie. La terre offerte par Jean-
Baptiste Goulet pour l’érection du premier bâtiment religieux se trouvait au
lieu surnommé Bayonne, comme la rivière, en l’honneur de la ville de Bayonne en
France, lieu d’origine du seigneur de Berthier, le sieur Pierre de
l’Estage.
La paroisse de Sainte- Élisabeth se dota d’un premier
presbytère dès 1801. L’actuel presbytère – véritable joyau architectural et
patrimonial– fut construit en 1874, sous le curé Alfred Dupuis et d’après les
plans du père J. Michaud, c.s.v. En 1889, une campagne de réparation
transformera le style québécois de l’édifice en le dotant d’une toiture Second
Empire. La première église de Sainte- Élisabeth fut complétée en 1814 et ses
deux tours de façade ajoutées en 1824. Ce magnifique temple dut être démoli en
1903 parce qu’il menaçait de s’écrouler. La deuxième église, d’après des plans
du curé Brien, fut complétée en 1906. Dès 1930, on y interdit le culte pour les
mêmes raisons reliées à la mobilité du sol. Elle sera démolie en 1949, la
troisième et actuelle église étant bénite en 1953. Plusieurs œuvres d’art
(sculptures, mobilier, peintures, orfèvrerie) de la première église y ont repris
leur place.
Au moment de la fondation de la paroisse, Sainte-
Élisabeth appartenait au comté de Warwick, formé en 1792 lors de la création du
Bas-Canada. En 1829, le comté de Warwick devenait celui de Berthier. Après
l’Acte d’Union de 1841, le comté de Berthier fut conservé mais le chef lieu
passa de Berthier à Sainte- Élisabeth, paroisse jugée plus centrale et
populeuse. Sainte- Élisabeth eut donc à cette époque sa cour et son bureau
d’enregistrement. En 1854, le comté de Berthier fut divisé en deux comtés
soient ceux de Joliette et Berthier. Sainte- Élisabeth se trouva rattachée au
comté de Joliette, la ville du même nom lui ravissant le statut de chef lieu,
la cour et le bureau d’enregistrement. Après la Confédération, Sainte-
Élisabeth fut rattachée au comté fédéral de Joliette avant de rejoindre en 1966
l’actuel comté de Berthier- Maskinongé, tandis qu’à l’assemblée législative
québécoise, elle fut maintenue dans le comté de Joliette avant de réintégrer le
comté de Berthier.
Le régime municipal québécois est une
création tardive. Sous le régime seigneurial, les corvées étaient de la
responsabilité des sous-voyers et des capitaines de milice de chaque paroisse.
Le premier régime municipal vit le jour le 1er juillet 1845, régime en vertu duquel le
premier maire de Sainte- Élisabeth aurait été M. William Mc
Nichols.
L’actuel régime municipal fut adopté en 1855, soit après
l’abolition du régime seigneurial, ce qui donne à la municipalité de Sainte-
Élisabeth l’âge respectable de 152 ans. À l’origine, la paroisse de Sainte-
Élisabeth s’étendait sur un immense territoire. Au fil des ans, plusieurs
paroisses et municipalités s’en sont détachées : en 1832 Kildare et
Sainte- Mélanie, en 1841 Saint- Thomas, en 1843 Saint- Charles- Borromée
(l’Industrie) et Saint- Félix de Valois ( Ramsay) et en 1925 Notre- Dame –de-
Lourdes.
Les Bayollais – puisque c’est le gentilé des citoyens de
Sainte- Élisabeth – se sont graduellement préoccupés de l’éducation de leur
jeunesse. Avant même l’érection de la paroisse, on retrouvait à la limite du
futur village, une première école placée sous la férule du Maître Joseph Guéré
dit Dumont. Puis, sous le curé Moïse Brassard, en vertu de la loi des écoles de
syndics, apparaissaient quelques écoles de rang. C’est le curé Quévillon qui
fit construire en 1846 au centre du village la première école spacieuse pour
les garçons qu’il confia aux Clercs de Saint- Viateur; puis il fit ériger en
1849 un premier couvent pour les filles dont les religieuses de la Providence seront l’âme
dirigeante durant près d’un siècle et demi. Ce premier couvent fut détruit par
un incendie, le soir de Noël 1876, faisant treize victimes chez les élèves et
une autre chez les dames âgées. On construisit alors en 1877 un magnifique
couvent en pierre de style Second Empire qu’après de nombreuses modifications
nous pouvons toujours apercevoir encore aujourd’hui, maintenant réservé aux
personnes âgées ou invalides selon la formule d’un CHSLD. On retrouve encore
deux édifices scolaires au village de Sainte- Élisabeth : l’école Émmilie
Caron, école primaire mixte construite en 1955 pour relocaliser les élèves du
couvent dont les religieuses se trouvaient devant l’obligation d’agrandir
l’hospice des vieillards et des invalides, et l’école Primevère, terminée en
1958, devenant la quatrième école modèle après l’incendie de la troisième.
L’école Primevère est maintenant la propriété de la municipalité qui y loge
plusieurs associations locales. Après avoir connu la centralisation
(disparition des écoles de rang) en 1962 et la régionalisation en 1964
(Commission scolaire régionale de Lanaudière) et en 1969 (Commission scolaire
régionale de l’Érablière), la Commissionscolaire de Sainte-
Élisabeth fut abolie en 1969 et intégrée successivement aux Commissions
scolaires Nord- Joli et des Samares.
Favorisée par de bonnes terres au riche sol argileux et à
la surface « planche », d’abord couverte de pins et de chênes, la
paroisse de Saint- Élisabeth sera d’abord rurale et agricole. Le défrichement
et les besoins de l’agriculture favoriseront rapidement le développement de
services nombreux et diversifiés sur son territoire. Profitant de l’énergie
hydraulique des rivières Bayonne et La
Chaloupe, on construisit plusieurs moulins à scie ou à farine
dès le début des années 1800. Un premier marchand , Thomas Webster, s’installait
chez nous dès 1803, premier d’une longue liste de bouchers, épiciers,
boulangers, cordonniers, tailleurs, menuisiers, maçons,tanneur, forgerons et
charretiers. Au fil des ans, 15 notaires ont tenu étude à Sainte-Élisabeth, le
dernier, Me Pierre- Léon Casaubon se retirant vers 1980, alors que pas moins de
17 médecins y ont pratiqué, le dernier, le Docteur Michel Gauthier, ayant quitté
la pratique en 1963.
Au début du 20e siècle, on retrouvait à Sainte-Élisabeth
une fabrique de ciment, une potasserie, une briquerie, une fonderie et une
manufacture de portes et châssis. L’arrivée du chemin de fer du Grand Nord et la construction d’une gare en 1900 – dont le premier chef de gare
fut M. Arthur Champoux – vont favoriser de multiples façons le développement de
Sainte- Élisabeth : en facilitant la vente du bétail et des produits
agricoles vers les grands centres comme Montréal,
en encourageant l’arrivée des marchandises et des colporteurs chez nous
et le déplacement des personnes dont les Bayollais eux-
mêmes.
Le
20esiècle vit la mise en
place de divers services publics. L’aqueduc dont la propriété fut d’abord
morcelée et concurremment privée
et coopérative sera municipalisé entre 1966 et 1972. Les années 1930 voient le
grand saut dans le modernisme, avec l’arrivée de l’électricité distribuée par
la Shawinigan Water
and Power dans les rangs et non plus seulement au village où elle était arrivée
avec le chemin de fer. Pour mieux assurer la protection des citoyens et de
leurs biens, Sainte- Élisabeth se dotait en 1966 d’un service des incendies
avec camion-pompe et caserne logée dans l’ancienne crèmerie coopérative. Le
premier chef des pompiers sera M. Herman Joly. Depuis 2003, cette protection est
assurée par un service regroupé au sein de la
MRC de D’Autray. Afin d’améliorer la
qualité de l’environnement et de la santé publique, le village dispose depuis
2004 d’un système d’égouts et de traitement des eaux usées (étangs aérés). Parmi
les services jugés essentiels, mentionnons aussi celui des loisirs. Les sports
entre autres ont toujours tenu une grande place dans la vie bayollaise,
particulièrement le baseball et le hockey où la rivalité avec les paroisses
voisines est légendaire. Le Comité des loisirs présidé par M. Luc Houde fut à
l’origine de la construction en 1983 du Centre communautaire lequel loge
également le bureau municipal. Sous ce rapport, Sainte- Élisabeth collabore
depuis 2004 avec les municipalités voisines de Saint- Norbert et Saint-Cuthbert
dans le cadre d’un service intermunicipal de
loisirs.
Il convient aussi de
faire ressortir l’exceptionnel sens coopératif des Bayollais. Dès 1927,
la Caisse
populaire y était fondée – une des 5 premières de tout Lanaudière – M. Zénon
Trempe en assurant la gérance. L’édifice actuel date de 1963.Sous la gérance de
M. Matthias Ferland, la
Caisseconnut une expansion remarquable son actif passant de
800 000$ en 1965 à 11 million de $ en 1985.Depuis 2002, notre caisse est
regroupée avec celle de Saint- Thomas sous le nom de Caisse populaire de
la Feuille
d’Or dont l’actif dépassait 98 millions de dollars en
2006.
La Crèmerie coopérative de beurre vit le jour en 1934
sous la présidence de M. Paul- Émile Coutu ayant pour premier gérant M. Anatole
Dufresne. Elle poursuivit ses opérations jusqu’en 1966 à sa fusion avec celle
de Rawdon.
En 1944,
la Société
coopérative La
Bayollaise dont le premier président fut M. Édouard Perrault
mit en place un magasin coopératif, une meunerie et un poste de mirage des œufs.
Elle fut achetée par la
Coopérative de Joliette en
1961.
Le syndicalisme
agricole demeure une force dans notre milieu. Les intérêts de la classe
agricole furent d’abord promus au sein des Cercles agricoles fondés en 1862 et
abolis en 1942 puisque depuis 1930 ce rôle fut assumé par l’UCC ( Union
catholique des cultivateurs ) dont le premier président local fut M. Gustave
Robichaud. L’UCC est devenue l’UPA (Union des producteurs agricoles), les
agriculteurs de Sainte- Élisabeth faisant maintenant partie du syndicat de
D’Autray. Bien que toujours importante, la production laitière est en
régression, remplacée par la culture des céréales dont le maïs et le soya sont
les plus importantes. L’élevage des bovins de boucherie s’y fait en parcs
d’engraissement, celui des porcs en élevage industriel. On retrouve également
chez nous quelques parcs d’ongulés sauvages en captivité (cerfs rouges et
wapiti).
Sainte- Élisabeth
s’enorgueillit également de la présence sur son territoire de deux entreprises
connexes à la construction, les Produits de béton Casaubon fondée en 1912 et
les Entreprises L. Laporte de Bayonne, lesquelles constituent les deux plus
gros employeurs industriels.
Depuis 1985,
Sainte- Élisabeth est maintenant
avantageusement connue sur la scène internationale grâce au projet Des mains pour demain. Ce
jumelage de Sainte- Élisabeth et de Sanankoroba au Mali supporte le
développement coopératif et la gestion efficace des ressources de ce village de
l’Afrique de l’ouest selon un modèle de coopération dont le succès en a
encouragé l’adoption par plusieurs autres milieux
tiers-mondistes.
Située à quelques
minutes seulement de centres de services populeux comme Joliette, Berthier et
Saint- Félix de Valois, la municipalité de Sainte- Élisabeth offre néanmoins
par ailleurs, dans un environnement naturel empreint de calme et de beauté, les
avantages d’une vie quotidienne à échelle
humaine.
Notes préparées par M. Pierre
Desjardins
Sources
- A.C.Dugas et
J.-Hector Geoffroy, Histoire de Sainte- Élisabeth, Réjean Olivier,
Joliette,
1984.
- J.-Hector
Geoffroy, Biographie des notaires et médecins… (de) Sainte- Élisabeth,
Éditions de la
Bayonne, Sainte-Élisabeth,
1980.
- J.-Hector
Geoffroy, L’éducation à Sainte- Élisabeth de 1798 à 1965, Édition
privée,
Joliette, 1995.
- Jean- Jacques
Forget, Paroisse Sainte- Élisabeth Bénédiction de l’église, 21 juin
1953.
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